Jean MOURIERE, comédien

Mister

Jean MOURIERE

M . Guillaume GOTZINGER : représentant du préfet

1ère intervention (à 10h30 après l’intervention d’Anne Marie ILLERA) :

Anne-Marie l’annonce. Il se lève et va prendre place à la tribune et fouille dans ses notes, cherche un papier.

 

Bonjour à tous et, j’ajouterai même  « à toutes » – puisque s’agissant de la ligue des droits de l’homme, ce n’est pas une raison pour laisser la femme sur le bord de la route.

Je vous remercie tout d’abord de m’avoir invité car je trouve cela courageux. Cela prouve bien aussi votre sens de la tolérance de convier parmi vous celui que certains d’entre vous considèrent presque comme un ennemi.

Je vais commencer ce petit discours en chassant une idée reçue : la Préfecture et, bien entendu, notre Ministère de tutelle sommes très attentifs à cette manifestation. Et il y a plusieurs raisons à cela.

Tout d’abord, parce que nous aimons les Droits de l’Homme. Elle est inscrite dans une déclaration et c’est ainsi ! Et personne ne peut rien contre.

Deuxièmement, même si certains d’entre vous me connaissent par le biais des fonctions que j’occupe à la Préfecture, il me semble important de vous ouvrir la porte de ma sphère privée. Votre réunion me concerne directement. En effet, derrière la fonction se cache un homme avec ses réflexions et ses problèmes. Je suis père de plusieurs garçons dont l’un est atteint d’un lourd handicap moteur. Je n’ai pas de fille. Aussi, mon épouse et moi-même avons choisi d’adopter il y a 10 ans une petite fille cambodgienne. Par ailleurs, j’ai une mère très âgée qui réside dans une maison de retraite. Comme vous le voyez, je suis au cœur des préoccupations qui vous animent.

Il est évident que je suivrai avec beaucoup d’intérêt le contenu de vos débats mais je serai aussi très attentif aux objectifs concrets. Au risque d’apparaître aux yeux des plus réactionnaires d’entre vous comme un provocateur (mais nous connaissons aussi la tolérance dont vous savez faire preuve), je me permets d’émettre d’ores et déjà une critique d’ensemble : l’échange intellectuel est certes toujours fructueux mais sur quoi va-t-il déboucher aujourd’hui? A quoi cela va-t-il servir ? A la construction de villes plus humaines ? A celle de nouvelles résidences pour personnes âgées ? A une nouvelle gestion des centre d’accueil pour les personnes en situation irrégulière sur le territoire français ? Je crains que non. Si vous m’avez invité, en qualité « d’empêcheur de tourner en rond », j’ai bien peur que ce genre de rassemblement n’aboutisse une fois de plus qu’à un magnifique rapport papier diffusé à tous les adhérents (ce qui écologiquement sera très intéressant) ou à un sitting ou une manifestation qui bloquera la circulation, gênera les citoyens et mobilisera les forces de l’ordre dont nous avons de plus en plus besoin.

Je vais donc laisser la parole à de prestigieux orateurs que je vais écouter avec beaucoup d’intérêt. Je vous remercie de votre attention.

 

Guillaume  G descend s’asseoir. Assez rapidement, son téléphone sonne et il s’absente. Il ne reviendra que quelques minutes avant le début de sa seconde intervention.

2ème intervention (après l’intervention de Didier Mars) :

Il revient pendant le début des débats. Il lève le doigt pour qu’on lui passe le micro. A l’issue des débats, Jean Michel  ZERBIB lui passe le micro.

 

Je me permets de reprendre la parole pour vous informer que je dois malheureusement partir. J’ai suivi avec passion l’intervention et les débats. Pour conclure, et au-delà de la critique que vous m’avez autorisé à émettre tout à l’heure, j’insisterai sur le fait que discuter c’est bien, agir c’est encore mieux. Concernant la violence et la vulnérabilité, il nous semble nécessaire que vous acceptiez de travailler avec nous. Avec le ministère de l’intérieur, nous avons déjà des propositions sur des thèmes similaires : que répondre à la violence et l’insécurité ? Comment gérer les personnes en situation irrégulières ? Comment protéger les personnes âgées ? etc…

Par ailleurs, je peux vous assurer que nous pouvons  gagner du temps dans ce genre de débat. J’ai noté par exemple sur le programme toute une série de questions auxquelles nous, nous avons déjà des réponses. Par exemple : l’handicapé est-il un homme ? Nous répondons : oui !

Comme je vous le disais en ce début de matinée, j’ai d’autres manifestations à honorer de ma présence. La réunion qui m’attend est importante puisque c’est la première assemblée générale d’une nouvelle association de la région : l’AGN : l’Association Golf Notariat. Je vous souhaite à toutes et à tous une bonne journée et vous remercie de votre chaleureux accueil.

Il part par le fond de la salle et disparaît en loge.

 

 

 

Freddy : Sans Domicile Fixe

1ème intervention 14h00 (à l’issue de la présentation d’Anne-Marie ILLERA et sur le début de l’intervention de Patrick VETTIER) :

Sur les premiers mots de Patrick Vettier, Freddy entre par le fond de la salle et s’adresse à un interlocuteur imaginaire à l’extérieur – Patrick Vettier s’interrompt.

 Qu’est-ce que ça peut te foutre ? C’est pas sur ta paie qu’on va la retenir la bouteille ! Excusez-moi, Monsieur dames, c’est l’autre abruti ! Il voulait pas me laisser entrer.  Allez-y ! Continuez ! Je me mets dans un petit coin. Moi j’aime bien ça aussi les droits de l’homme, Emmaüs et tout le bordel ! Et puis, au moins ici, on se les gèle pas. (Patrick Vettier recommence à parler Freddy vient s’asseoir. Il écoute le début de l’intervention puis s’adresse à ses voisins) Il cause tout le temps comme ça ? (proposant sa bouteille à son voisin ou sa voisine)Tu en veux un petit coup ? Fais pas ta sucrée ! Qu’est-ce qu’il y a ? Je suis pas assez bien pour toi ? Je pue ? T’as pas de pot parce que j’ai pris une douche hier matin.

(la voix de Freddy devient gênante, Patrick Vettier s’interrompt de nouveau) A ce moment Jean-Michel tente de faire sortir Freddy : s’en suit un dialogue à improviser)

 Qu’est-ce que tu me veux ? Moi aussi j’ai le droit d’être là ! Je suis très bien ici. Qu’est-ce que tu crois, hein ? Moi aussi je suis un homme. Je suis pas pire qu’un autre. Il y en a des plus cons. C’est ça ! Vire-moi ! Fous-moi dehors ! Et vous les autres, vous dites rien ? Bravo ! Putain ! Bonjour les droits de l’homme ! Ca cause, ça cause mais que de la gueule ! Qu’est-ce que vous foutez à part me foutre dehors ? Je dérange ! C’est ça pousse pas, toi ! Je me casse. (Freddy sort et Patrick Vettier peut enfin parler !!!!)

2ème intervention entre 14h50 et 15h00 (à l’issue des débats) :

 (Durant le débat, Freddy est entré par le fond de la salle, Anne-Marie ILLERA, à l’issue des débats passe le micro à Freddy qui, très digne, monte à la tribune,)

Ne vous inquiétez pas ! Je n’ai pas eu besoin de passer en cellule de dégrisement pour revenir vous parler quelques instants. Je reviens vous parler non plus sous les traits de M. Guillaume GOTZINGER, représentant de la préfecture de région ou ceux de Freddy le sans domicile fixe mais sous ma véritable identité. Je m’appelle Jean MOURIERE et avec la complicité d’Anne-Marie ILLERA, j’ai conçu ces petites interventions. J’espère qu’elles auront été utiles par leur petit coté provocateur et décalé. Je vous souhaite une bonne fin d’après-midi.

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